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Publié le 3 Avril 2014

Au coin d’la rue !

La plaque de rue portait mon nom. J’étais intrigué, parce que l’orthographe en est rare et compliquée. Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre son patronyme écrit en émail blanc sur fond bleu, au coin d’une rue. 

Ma curiosité piquée,  les semaines suivantes,  je rendis visite à toutes mes vieilles tantes. J’appris beaucoup d’anecdotes qui n’allaient pas au-delà de 1914. Un grand père brasseur, un autre musicien. Les hommes qui partent faire la Guerre. Un siècle de feu et de sang. En quatre générations, je trouvais cela un peu court.

Alors, j’ai pris mon bâton de pèlerin. D’extraits de naissances en actes de mariages, de certificats de baptêmes en acte de décès, je suis remonté jusqu’à l’objet de mes recherches.

Celui dont le nom s’écrivait sur une plaque de rue s’illustra lors de la guerre franco-prussienne de 1870 au cours de la fameuse charge des cuirassiers à Reichshoffen. Un héros ! Il était le père de mon arrière-grand-père, qui lui-même colonel d’artillerie mourut pour la France au début de la Guerre 14-18. Un autre héros.

Au cours de ces démarches, je fis la connaissance d’un vague et vieux cousin, archiviste en retraite, qui à force d’arbres généalogiques, faisait remonter notre nom à la première croisade.

Il me raconta des histoires de bijoux volés, d’héritiers spoliés, de jeunes gens contraints pour retrouver la fortune de courir l’aventure au Mexique et plus tard en Indochine ou à Djibouti. Je me découvris des ancêtres pharmaciens, passementier et autre écrivain. Certains firent même de la prison.  Je trouvais tout cela très romantique.

Mon cousin conta la tentative d’assassinat du Premier Consul par l’un de nos ancêtres, ardent républicain et capitaine de la Marine à Toulon. Évidemment, le jeune officier fut fusillé, sa famille exilée et ses biens confisqués. 

La boucle était bouclée, je retombais sur le petit fils du capitaine de Toulon qui inscrivit son nom au coin de la rue.

Depuis, lorsque je marche en ville, je ne regarde plus les plaques émaillées sans imaginer derrière les noms inscrits de véritables sagas familiales.   

 

 

Interview de Gonzague Sauvé, directeur régional des Archives Généalogiques Andriveau.

 

« Les archives Andriveau sont situées à l’Estaque, joli quartier typique de Marseille ».

« La profession de généalogiste n’est pas réglementée et il n’y a donc pas de filière particulière. Mais il y a un diplôme universitaire qui vient d’être créé.  C’est un métier qui a vocation à accueillir des gens de tout horizon, mais nous avons chez nous plutôt des historiens et des juristes ».

« Notre société a été créée en 1830 par un collaborateur d’une étude de notaire. Cela a été perpétué… Les archives généalogiques Andriveau sont (donc) la plus ancienne société généalogiste de France et nous sommes une centaine de collaborateurs. J’assure la direction des archives régionales, avec 4 salariés, pour trois départements, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et le Gard ».

« Les généalogistes travaillent beaucoup pour les notaires qui nous demandent de faire des recherches pour les successions qu’ils ont à régler. Les notaires sollicitent donc les archives Andriveau. Ils ont souvent été mandatés par un membre de la famille.  Malgré les éléments en sa possession, livret de famille, par exemple, le notaire va constater des éléments manquants au règlement de la succession, dont il ne connaît pas l’ensemble des héritiers. Notre société va donc confirmer la dévolution et éventuellement rechercher d’autres héritiers ».

« Depuis la réforme de 2006, le généalogiste doit avoir un mandat notarial, à produire auprès des diverses administrations, pour pouvoir effectuer ses recherches ».

« Dans le cadre de nos recherches, nous travaillons beaucoup avec les mairies et avec les archives départementales qui sont pour nous des sources très importantes et les services de l’enregistrement notarial ».

« Le droit et le Code civil aujourd’hui disent que l’on ne peut pas hériter au-delà du 6e degré. Le degré se fait par rapport à un auteur commun, en général le père ou la mère qui sont le 1er : le grand ;  père : 2e degré, le frère de l’un ou de l’autre : 3e degré et ses enfants qui sont nos cousins germains sont au 4e degré. Enfin, leurs enfants : aux 5 e et petits enfants : au 6e degré. Au-delà, on ne peut plus hériter ».

« Et avec les gens qui bougent et les recompositions familiales, l’oncle d’Amérique peut exister malgré tout ».

« Pour annoncer à quelqu’un qu’il va recevoir une succession dont il n’était pas au courant, nous procédons en trois étapes.

La première étape est l’obtention du mandat notarial. Mais ce mandat peut aussi venir de syndic de propriété ou de collectivités locales dans le cadre de biens vacants et sans maître. Nos collaborateurs, que nous appelons des chercheurs, vont sur le terrain établir ce que l’on appelle la dévolution successorale et monter un arbre généalogique. Cette première étape permet de déterminer qui est l’héritier du défunt. Ce peut être un cousin éloigné, mais aussi des collatéraux privilégiés, fratrie, neveux, petits neveux, voir, des enfants. Pour retrouver ces gens-là, nous allons partir de l’extrait de l’acte de naissance du défunt que l’on trouve en mairie. Nous sommes autorisés par les Archives de France, par notre qualité de généalogiste, partenaire et auxiliaire du notariat, et par le procureur de la République à consulter des actes d’état civil. Nous avons dérogation pour consulter les actes civils de moins de 75 ans. La loi française interdit aux tiers de consulter les actes civils qui ne les concernent pas. Nous, nous y sommes autorisés pour assurer une dévolution au notaire dans le cadre de la succession dont il a la charge.

La deuxième étape, c’est la révélation à l’héritier qui a des droits à faire valoir dans une succession. Nous allons généralement rencontrer ces héritiers en leur expliquant que nous avons été mandatés par le notaire. Dans un premier temps, nous n’indiquons pas qui est le défunt et nous prenons beaucoup d’éléments d’information vis-à-vis d’eux, pour vérifier qu’il s’agit des bonnes personnes. Puis, nous allons leur faire signer un contrat, que l’on nomme le contrat de révélations. C’est le contrat classique de tous les généalogistes de France, par lequel on va leur divulguer qui est le défunt.

Nous recueillons un pourcentage d’honoraire sur l’actif net de la succession, après paiement des droits de succession. Sur du cousinage, on peut arriver à des montants de 55 à 60% de droits de succession. Généralement les honoraires du généalogiste varient de 15 à 35% de la succession nette ».

« Il arrive parfois que certains héritiers souhaitent renoncer à la succession, pour des raisons liées aux situations familiales ».

« La tâche du généalogiste est de plus en plus ardue. Les évolutions de la législation civile, liée au mariage pour tous, l’usage du double nom, celui de son père et celui de sa mère, les familles recomposées, vont dans quelques années nous procurer des difficultés ».

« Nos recherches nous emmènent partout, aujourd’hui à Marseille, demain au Canada, au Vietnam ou en Australie, pour retrouver les héritiers. Aux Archives Andriveau,  nous avons des chercheurs spécialisés qui se déplacent énormément à l’étranger pour annoncer aux personnes retrouvées, malheureusement un décès et leur faire valoir un droit à l’héritage ».  

« C’est un métier passionnant, c’est un travail de recherche dans les archives, mais c’est aussi un métier de contacts humain et de rencontres. Nous découvrons des histoires de familles, nous voyageons à l’étranger. C’est la force de notre société, nous avons les moyens de nous déplacer partout dans le monde ».

« Notre tâche est facilitée par le développement d’Internet. Nous pouvons, pas pour toutes, accéder à certaines archives départementales qui sont maintenant en ligne.  Mais dans le métier, lorsque nous partons en recherche, la matière du papier, lorsque nous consultons par exemple les recensements de populations, qui sont des ressources importantes, reste encore le cœur de notre métier ».

« Il y a beaucoup de passion pour la généalogie familiale, mais cela n’a rien à voir avec le métier de généalogiste successoral ».

 

 

Interview recueilli par Jacques Marie pour La gueule de l'emploi sur Radio Dialogue

Sainte Clothilde, patronne des généalogistes

Sainte Clothilde, patronne des généalogistes

Saintes Patronnes Généalogiste

 

Sainte Clotilde, première Reine de France, ou plutôt des Francs, est fêtée le 3 juin chez les orthodoxes et le 4 chez les catholiques. On dit de cette princesse burgonde qu’elle était la plus belle. Elle épousa le roi des Francs, Clovis et suscita sa conversion ainsi que celle de son peuple.

A la bataille de Tolbiac, après un choc terrible, les Francs pliaient, quand Clovis, dans une illumination soudaine, s’écria : "Dieu de Clotilde, donne-moi la victoire et Tu seras mon Dieu !" Le courage renaît à ses soldats et bientôt la victoire des Francs est complète. Peu après, Clovis était baptisé par saint Rémi, à Reims ; ce fut le signal du baptême de la nation entière.

Clovis mourut en 511, à l’âge de quarante-cinq ans, et Clotilde quitta la cour pour aller finir sa dans un couvent de la ville de Tours où elle mourut le 3 juin 545.

Sainte Catherine d'Alexandrie, que l’on fêtait le 25 novembre, aurait été une vierge et martyre du IVe siècle. Elle aurait été martyrisée à l’âge de 18 ans  par l’empereur Maxence qui l’aurait fait déchiqueter par une machinerie munie de roues dentées. Des anges auraient alors enlevé son corps pour le transporter au Mont Sinaï, où il aurait été découvert intacte cinq siècles plus tard, par des moines.

Sa légende et son culte se sont répandus en Europe après les Croisades et Catherine d’Alexandrie est devenue l’une des saintes les plus populaires d’occident et sa statue l’une des plus rependues dans les églises que les jeunes filles à marier, que l’on appelait les catherinettes, couvraient d’un voile le jour de sa fête. Tradition que se perpétue au travers du port du chapeau ce jour-là pour les jeunes femmes à marier.

En 1969, la fête religieuse disparaît du calendrier romain, « en raison du caractère fabuleux de sa passion » et du doute qui pèse sur l'existence même de la sainte. C’est donc Sainte-Catherine Labouré que l’on fête maintenant à cette date du 25 novembre.

Je ne connais pas les raisons qui ont fait choisir ces saintes patronnes des généalogistes.

Sources : La Fleur des saints – Omer ENGLEBERT – Albain Michel – 1984 / www.saint-dicton.com

FICHE MÉTIER

Missions 

C’est à la fin du XIXe siècle que le métier de généalogiste successoral est devenu une nécessité due à l’émigration des populations.

Deux types de généalogistes : successoral et familial. Les successoraux recherchent les héritiers d’une personne décédée sans testament. Les familiaux travaillent pour une clientèle privée et font des recherches généalogiques ou historiques. Cependant, les deux activités peuvent se mener de front.

Moyens

Le généalogiste se voit attribué des compétences juridiques importantes : lors de la rédaction des actes chez le notaire, il vérifie l’exactitude des mentions et la validité des documents. De plus, il peut être mandaté par les héritiers qu’il a retrouvés dans la liquidation de la succession. Prestataire de service, le généalogiste se rémunère le plus souvent grâce à un pourcentage sur les parts des héritiers qu’il localise (35 à 60% de l'actif net).

Internet est à la fois un outil et un concurrent pour les généalogistes.

Avec le risque de ne pas réussir à rentrer dans ses frais si l’enquête a généré trop de frais -voyages dans les provinces françaises ou le monde entier, surgissement d’obstacles linguistiques, administratifs ou juridiques- ou n’a tout simplement pas aboutie. Le généalogiste doit donc faire preuve de beaucoup de sérieux, de rigueur et d’aptitudes commerciales certaines pour convaincre ses interlocuteurs et mener à bien son entreprise.

Compétences

Esprit de synthèse, culture générale et historique et bonnes capacités rédactionnelles sont indispensables pour mener à bien la mission du généalogiste et rédiger un rapport circonstancié au client. Il s'agit d'un métier à part entière qui nécessite toutefois une bonne assise financière (coût des recherches, déplacements à l'étranger...). Patient et persévérant, le généalogiste compulse des centaines de documents pour repérer une piste. Mais il doit parfois aussi accepter l’échec.

 

Sources ONISEP

FORMATION GÉNÉALOGISTE

Licence pro activités juridiques spécialité généalogiste successoral bac + 3

Avant de se lancer, il convient donc acquérir un socle de connaissances utiles dispensé dans les cursus d’enseignement juridique de droit privé et fiscal, ou encore de sciences humaines avec une spécialisation historique.

Une fois la base acquise, la formation pratique sur le terrain ne s’obtenir que dans une étude de généalogiste.

ÉTABLISSEMENT FORMATION GÉNÉALOGISTE

 

UFR de Droit, Sciences sociales, Economiques et de Gestion, Université de Corse

Campus Mariani

 20250 Corte

Tél. : 04 95 45 00 16

 Fax : 04 95 45 00 80

 Site Internet : droit-eco.univ-corse.fr

 

Rédigé par Jacques MARIE

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