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Publié le 6 Juin 2014

Ne nous emballons pas…

C’est indéniable ! Faites-en l’expérience. Votre café sera bien meilleur si on vous le sert dans une jolie tasse, avec sous-tasse. De même pour le vin qui se trouvera bonifié offert dans un verre à pied.

Nous allons au restaurant pour manger. Mais un cadre agréable et l’amabilité du personnel rendent le repas meilleur. D’ailleurs les guides gastronomiques ne s’y trompent pas qui attribuent aussi leurs étoiles pour le décor et le service.

En France, offrir un cadeau sans l’emballer est une faute de goût. Cela participe de la fête. Le soin accordé à la présentation et l’emballage du cadeau est souvent à la hauteur de la valeur affective, mais aussi de la considération de celle ou celui que l’on veut remercier ou fêter.

Depuis la plus haute Antiquité, les hommes ont veillé à embellir le cadre de ce qu’ils vénèrent. À le valoriser dans sa présentation. L’apogée en est sans doute atteint au moyen âge, avec l’art des reliquaires et autres châsses ou ostensoir. En or et en argent, en ivoire, gravé, serti de pierres précieuses, sensé recueillir de saintes reliques, cachées au fond des églises ou montrées en procession, aucun reliquaire n’était trop beau pour présenter un bout d’os ou un morceau de tissu.

D’une façon plus modeste, nous avons vécu ces Noëls où les enfants délaissent les jouets au profit du papier, du carton ou des bouts de ficelle qui les emballaient.

En France, l’emballage représente le même poids économique que l’industrie aéronautique et fait de notre pays le 3e exportateur mondial dans ce domaine. 

C’est peut être un art français que celui d’emballer, de préserver, de présenter et de mettre en valeur, voir d’enrichir l’objet de nos désirs. 

Reliure Isabelle Mornirili

Reliure Isabelle Mornirili

Interview Isabelle MORNIRILI relieur

« Je protège les livres, je les restaure. Cela permet de les embellir et de leur donner une belle protection. J’aime le livre, la matière papier, l’objet. Je suis relieur doreur d’art. Dans ma famille, qui est originaire d’Italie, on travaillait déjà la peau, car il y avait des artisans bottiers ». 

« Le relieur recouvre les livres avec du cuir, des toiles, du papier. Et il y a plusieurs variétés de cuirs pour couvrir les livres ».

« Mon atelier, « au livre ouvert », se trouve à Aubagne. La clientèle est constituée de nombreux particuliers qui viennent apporter leurs ouvrages et je travaille aussi avec des administrations : les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, les Archives municipales de Marseille, la bibliothèque de l’Alcazar et avec des communes comme Aubagne, La Ciotat. C’est surtout une activité régionale, je travaille aussi avec le musée d’Arles ».

« Les institutionnels qui font appel à nous ont des exigences particulières. Il faut suivre le cahier des charges ».

« Je travaille essentiellement avec de la peau de chèvre, communément appelée la peau de chagrin. C’est à cause de son aspect. Elle a un petit grain contrairement à la peau de veau qui est lisse.  Cela donne un bel aspect visuel et au toucher. C’est un métier sensuel, on touche beaucoup (les matières). Tout passe par nos mains, le touché, le contact ».

« Il y a une cinquantaine d’étapes pour relier un livre. Lorsque l’on m’amène un livre à relier, j’analyse déjà l’ouvrage pour pouvoir le situer dans le temps. Pour voir les matériaux, avec l’objectif de lui donner une seconde vie. Pour le relier comme à son époque. On peut habiller un livre en respectant les styles d’époque. Dans la reliure, on suit les courants artistiques et les modes. En reliure, il y a les XVIe, XVIIe, les reliures sont différentes, les peaux aussi, et même la façon de travailler va être différente. Mais il n’y a pas beaucoup d’évolution en reliure au niveau technique ».

« Les ennemis du livre sont l’humidité, les moisissures, les insectes et surtout les rongeurs »

« Il faut démonter le livre pour pouvoir le réparer, parce que les feuillets auront été déchirés, les fonds de cahier sont fragilisés. Il faut tout défaire, c'est-à-dire débrocher. Avant les livres étaient cousus et non collés comme maintenant.  Avant, c’étaient de grandes feuilles de papier qui étaient imprimées, et que l’on pliait en cahiers que l’on cousait les uns après les autres. Quand on lisait, il était courant de déchirer les pages avec un coupe-papier, pour couper le pli justement. Cela s’appelle le découronnement. On découronne le livre pour pouvoir tourner la page. »

« Je retire ensuite les vieilles colles qui finissent par abîmer et fragiliser les fonds de cahiers. Après, pour tout ce que je fais, je me projette dans le futur. C’est pour cela que j’utilise des matières réversibles. Je vais par exemple utiliser une colle d’amidon qui pourra être par la suite ôtée, c’est pour cela qu’elle est réversible, et elle n’abîmera pas le document.  J’utilise aussi des papiers à pH neutre qui permettront une meilleure conservation dans le temps ».

« Les relieurs évitent le massicot qui diminue le livre, ampute la matière et peut parfois enlever du texte ».

« Le travail du relieur c’est bien évidemment d’embellir le livre, mais aussi lui permettre, grâce à son travail, de traverser les décennies, voir les siècles.  Je renforce le livre, je le consolide, je l’embellis et lui donne une nouvelle jeunesse ».

« Depuis le moyen âge, les outils n’ont pas beaucoup évolué. Par exemple, à l’atelier, nous avons une gravure du XVIIe siècle, qui montre des ouvriers relieurs travaillant sur le cousoir, qui est identique à maintenant. C’est l’outil emblématique du relieur. C’est comme un métier à tisser sur lequel sont tendues des ficelles. On y coud les cahiers un à un.  Lorsque les cahiers sont cousus entre eux, ils font un bloc ».

« Je travaille ce corps d’ouvrage et arrondis le dos. Je rajoute les cartons de renfort qui vont protéger l’ouvrage et ensuite, je choisis la matière qui va recouvrir le livre ».

« Avant de poser le cuir, il faut l’affiner. Je travaille avec des peaux brutes qui viennent d’artisans peaussiers. Lorsque je reçois une peau, elle est épaisse, trop pour recouvrir le livre et je dois la dédoubler. Je l’affine avec un couteau à parer pour gratter et amincir la peau sur l’avers».  

« Le relieur est un chef d’orchestre qui travaille avec plusieurs artisans, des peaussiers, des marbreurs qui fabriquent les papiers, comme ceux des livres anciens. Ces papiers sont fabriqués artisanalement et lorsque je fais des restaurations des XVIIe ou XVIIIe siècle, les marbreurs font des papiers à l’identique ».

« Pour arrondir le dos du livre, une fois la couture finie, je le fais au marteau. C’est un marteau métallique, mais arrondi.  Je fais tomber les cahiers de part et d’autre avec un marteau. Je place le livre dans un étau à endosser. Une fois la peau posée, on n’y touche plus pour ne pas la marquer ».

« Le prix de la reliure dépend beaucoup du temps passé. Quand on m’apporte un livre, le client n’imagine pas tout le travail que cela peut représenter. En dehors des différentes étapes, il faut compter les temps de mise en presse, les temps de séchage. En reliure, tout est fait manuellement. Il n’y a aucune machine qui intervient. Si le livre est très abîmé, cela revient plus cher qu’un livre en bon état. Car il faut faire des renforts de papier, des doublages, des greffes. Après, cela dépend des matériaux utilisés. Un cuir coûte plus cher qu’une toile. Mais la valeur que l’on donne au livre est avant tout sentimentale. Il y a des très belles éditions, des livres qui a la base valent cher, mais aussi des livres qui viennent de l’enfance et que l’on voudrait transmettre aux générations suivantes. Il y a une certaine émotion lorsque l’on nous apporte un livre, car il a une histoire, un vécu et une nouvelle histoire qui l’attend ».

« En travaillant avec les Archives, j’ai la chance de voir des livres qui ne sont pas accessibles au public. J’ai travaillé sur la première édition des  « voyages de Bougainville » par exemple. Les cartes n’étaient pas terminées. Avec des gravures extraordinaires d’animaux et de plantes. C’était très émouvant de travailler sur ces ouvrages. C’est une chance. Je suis privilégié parce que je vois passer entre mes mains des ouvrages uniques et magnifiques ».  

« Il y a deux ou trois ateliers sur Marseille de relieur d’art. Ce n’est pas un métier très répandu ».

« Dans les prisons, aux Beaumettes par exemple, il y a un atelier de reliure. Le métier de relieur serait-il plus salutaire qu’un autre pour la reconversion de l’esprit et de l’âme ? Dans le travail, cela demande une certaine concentration, une application, une maîtrise. Si dans ce métier on travaille avec d’autres artisans, dans l’action professionnelle, il ne faut pas être dérangé. Il faut être concentré, c’est un travail minutieux. Il faut connaître les compositions des colles, les réactions des papiers, des cuirs ».

« Les relieurs dorent les dos des livres. C’est ce que l’on appelle le titrage. C’est l’étape ultime. On y inscrit le nom de l’auteur et le titre du livre. Cela se fait à la main, avec des composteurs. Comme pour l’imprimerie ancienne, nous avons des polices de caractères que nous plaçons sur un fer. Il est chauffé et on l’applique sur le dos avec de la feuille d’or. C’est de la dorure à chaud. On dore aussi parfois les feuilles, ce que l’on appelle les tranches de tête. C’est le plus souvent pour les très belles dorures, les reliures d’art. C’est de la feuille d’or qui est appliquée avec du bol d’Arménie pour qu’elle adhère bien ».

 

Recueilli par Jacques Marie pour la gueule de l’emploi sur Radio Dialogue

Saint Barthélémy, patron des relieurs

Saint Barthélémy, patron des relieurs

Saint Barthélemy que l’on fête le 24 août est le saint patron des relieurs et des tanneurs. Son nom est, hélas, lié aux guerres de religion et notamment au massacre des protestants par les catholiques ultras, à Paris,  le jour de sa fête en 1572.

Originaire de Cana en Galilée, Barthélémy est aussi appelé Nathanaël. Il est cité dans 3 évangiles sur 4, comme faisant partie des douze apôtres.  C’est Philippe qui le présente à Jésus. Après la mort du Christ, il part évangéliser l’Arabie et la Mésopotamie, l’actuel Irak,  et la Perse. On prétend même qu’il alla jusqu’aux Indes. Mais c’est en Arménie qu’il trouve le martyr y subissant la plus atroce des tortures dans la ville d’Albane. Il aurait été écorché vif. On le représente traditionnellement portant la dépouille de sa propre peau ou plus prosaïquement portant le couteau de son supplice dans une main et les saints évangiles dans l’autre. Des reliques de l'apôtre sont préservées sous l'autel principal de la basilique Saint-Barthélemy-en-l'Île, sur l'île Tiberine, à Rome. Michel Ange a représenté le saint dans la fresque du jugement dernier de la Chapelle Sixtine, portant couteau et dépouille et lui a donné son propre visage.

C’est le martyr subit par le saint qui en fait le patron des professions qui travaillent les peaux.

 

Sources : La Fleur des saints – Omer ENGLEBERT – Albain Michel – 1984 / www.saint-dicton.com

Reliure Isabelle Mornirili

Reliure Isabelle Mornirili

MÉTIER RELIEUR

Missions

Le relieur démonte les livres pour les rénover et les réparer. Il dégage une à une les pages de leur reliure, les nettoie, puis les relie à nouveau en les collant ou en les cousant. De nos jours, cet artisan s'occupe surtout des livres récents comme, par exemple, des ouvrages de bibliothèque abîmés. Mais il prend aussi en charge des livres rares et précieux. Il les dore pour leur donner une apparence proche de l'origine. L'essentiel du travail se fait à la main.

Le relieur peut se spécialiser en reliure courante, la plus pratiquée. Pour cela, il utilise essentiellement des matériaux sobres (toile ou cuir peu cher) pour habiller les livres. Il travaille surtout pour les bibliothèques, les archives des ministères, les mairies, les collections de périodiques...

La reliure d'art concerne la restauration de livres anciens et précieux. La reliure de création s'applique à des éditions originales, souvent illustrées, auxquelles elle apporte une touche esthétique. Les clients sont des bibliophiles, des collectionneurs de livres rares, les bibliothèques historiques de grandes villes, les Archives nationales...

Moyens

Personnaliser ou restaurer des livres rares fait largement appel au sens artistique. De tous les professionnels du cuir, le relieur est sans conteste celui qui connaît et travaille les peaux les plus diverses et les plus rares. Dans la mesure où il répond aux commandes des particuliers ou des administrations, il doit aussi savoir s'adapter. Aujourd'hui, les bibliothèques publiques (Bibliothèque historique de la Ville de Paris...) souhaitent valoriser leur fonds en recourant à la reliure contemporaine.

Compétences

Utilisant des techniques très élaborées (impression, ciselure, dorure...), le relieur doit être extrêmement précis dans ses gestes. Pour dorer une reliure, par exemple, il applique très délicatement des feuilles d'or sur la couverture préalablement chauffée. Une feuille étant très fine et légère, une erreur de pose nécessite de tout recommencer. Il faut faire preuve d'une grande concentration.

Production

En atelier de reliure et de dorure, cet artisan du livre effectue des travaux de façonnage et de décoration : réparation des déchirures, réalisation de reliures en fonction de la qualité de l'ouvrage à habiller, fabrication d'éléments de protection, décoration par impression et ornementation de motifs dorés à l'or fin.

Travail sur commande

Malgré la variété des tâches, les positions de travail sont répétitives (assis pour coudre, courbé pour presser, debout pour couvrir) et adaptées à l'outillage utilisé : pointe, plioir, cisaille, massicot, presse. Le travail est généralement réalisé sur commande pour des particuliers ou des établissements publics (bibliothèques, tribunaux). Le relieur détermine avec son client la nature du travail à effectuer et sélectionne les matériaux adéquats tout en établissant un devis. L'organisation de l'activité dépend des choix professionnels, des exigences de la clientèle et de l'ampleur de la demande.

Perspectives d'évolution professionnelle

La plupart des relieurs travaillent seuls ou sont salariés dans une entreprise de petite ou moyenne taille. Des fonctionnaires travaillent dans des établissements comme la Bibliothèque nationale de France, les Archives nationales ou certains musées possédant leurs ateliers de reliure.

Reliure Isabelle Mornirili

Reliure Isabelle Mornirili

FORMATION RELIEUR

 

 

 

CAP arts de la reliure

Il peut exercer son activité en tant que salarié ou comme artisan dans un atelier de reliure artisanale ou de reliure d'art. Il peut également devenir fonctionnaire et travailler dans un atelier de l'Etat.

 

BMA arts de la reliure et de la dorure

Le BMA permet d'approfondir les techniques de la reliure et de la dorure abordées en CAP. Il forme des techniciens qui maîtrisent les procédés de réalisation et de décoration des reliures courantes et de qualité.

 

DMA arts graphiques option reliure-dorure

Ces professionnels mettent en oeuvre des projets de communication graphique relevant des arts de la gravure, de l'illustration, de la reliure ou de la typographie.

L'option reliure dorure forme des concepteurs, réalisateurs et restaurateurs de reliure et autres méthodes  de protection et d'ornementation des livres.

Reliure Isabelle Mornirili

Reliure Isabelle Mornirili

ÉTABLISSEMENTS FORMATION RELIEUR

Le CAP arts de la reliure est le diplôme de base. Pour réaliser des travaux plus complexes sur des ouvrages anciens et de valeur, le BMA (brevet des métiers d'art) arts de la reliure et de la dorure, le DMA (diplôme des métiers d'art) arts graphiques option reliure-dorure, accessible avec le bac techno STD2A (sciences et technologie du design et des arts appliqués), ou une MANAA (classe de mise à niveau en arts appliqués) .

 

CFA SEPR

46, rue professeur Rochaix

69424 LYON Cedex

Tél : 04 72 83 27 27

Fax : 04 72 83 27 00

Courriel : accueil@.sepr.edu

Site Internet : www.sepr.edu

 

CFA d’ESCHAU

21 rue des fusillers marins

67412 ESCHAU

Tel : 03 88 59 00 80

Fax : 03 88 59 00 76

Courriel : cfa.eschau@cm-alsace.fr

Site Internet : www.cfa-eschau.fr

 

CFA LP André Siegfried

12, rue des dominicains

67504 HAGUENAU Cedex

Tel : 03 88 73 54 55

Fax : 03 88 63 82 12

Courriel : ce.0671760z@ ac-strasbourg.fr

Site Internet : www.lyc-siegfried-haguenau .ac-strasbourg.fr

 

CFA LP Roosevelt

18 rue de la Tour du Diable

68069 MULHOUSE cedex

tel : 03 89 36 20 90

fax : 03 89 36 20 91

Courriel : cfa-roosevelt@ac-strasbourg.fr

Site Internet : www.cfa-roosevelt.fr

 

LP des Arts graphiques et du livre Corvisar – Tolbiac –

63 rue Moulinet

75073 PARIS 13

Tel : 01 53 62 81 50

Fax : 01 45 65 14 07

Courriel : ce.0750787Y@ac-paris.fr

Site Internet : www.corvisart.com

 

Lycée professionnel Paul Cornu

9, rue Paul Cornu

14107 LISIEUX

Tel : 02 31 31 33 11

Fax : 02 31 31 33 13

Tel : ce0141276l@ac-caen.fr

Site Internet : www.etab.ac-caen.fr/cornu

 

Ecole Estienne

18 boulevard Auguste Blanqui

Tel : 01 55 43 47 47

Fax : 01 55 43 47 48

Courriel : info@ecole-estienne.fr

Site Internet : www. Ecole-estienne.fr

Reliure Isabelle Mornirili

Reliure Isabelle Mornirili

Rédigé par Jacques MARIE

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